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LE DIABLE AU CORPS.

LA COMTESSE.

Cher Comte ? ce sera moi. Je n’ai pas l’avantage de connaître votre Palatin. Donnons ce chaperon à la Marquise et soyez le mien.

LE COMTE.

Votre lot ne sera pas le meilleur, ma chere Comtesse. Morawiski, je vous le jure, est l’un des plus beaux et des plus aimables cavaliers que nous ait fourni sa nation, dont vous savez, que la noblesse jouit à juste titre d’une haute réputation de politesse, de galanterie et de magnificence : au surplus, il ne s’agit que d’avoir mis le pied dans l’Eden : dès qu’on y sera, chacun sera libre de se faufiler à son gré, car… j’outre-passe ici les bornes de la discrétion qui m’était recommandée, mais vous ne jaserez point ?

LA COMTESSE.

Nous saurons nous taire.

LE COMTE.

Eh bien, le fin mot de la partie est que chaque Dame sera toute à tous : chaque homme, tout à toutes.

LA COMTESSE, avec exaltation.

Toute à tous ! J’aime ce noble cri de guerre ! Ah oui : j’y serai fidelle. Qu’un affreux prodige mure chez moi toutes les portes du plaisir, si je dérobe à la loi : ou mon peu de charmes et la vivacité de mes agaceries manqueront