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LE DIABLE AU CORPS.


s’étant parfois avisée de réfléchir, elle avait fait sans s’en douter bien des pas vers l’amendement, et déja sa tête était à moitié guérie quand le reste allait encore un train du diable, comme si cette femme eût été vraiment incorrigible. À la voir figurer dans une fête dont nous ne pouvons nous dispenser de dire tout-à-l’heure quelques mots, tout le monde croirait que notre éloge est une mauvaise plaisanterie. Qu’on lise cependant jusqu’au bout et l’on sera forcé de rendre à notre aimable Marquise, un peu plus de justice.





La petite Comtesse, quoiqu’aussi douée d’un excellent cœur, ne voyait cependant pas de trop bon œil la désertion des aimables créatures que nous venons de voir faire fortune. Se promenant un soir, à la chûte du jour, et s’introduisant dans un cabinet de verdure, au fond du jardin, la Comtesse parlait de ces événemens à son amie à peu près dans ces termes.

LA COMTESSE.

Ça, ma chere, dis-moi, quand te proposes-tu de marier aussi tes deux laquais, ton cuisinier, ton cocher et ton suisse ? Je ne vois plus guere, dans ta maison, que ces gens-là d’anciens visages.

LA MARQUISE.

Je ne compte plus marier personne.