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LE DIABLE AU CORPS.


avec un garçon perruquier. Le charmant exclus est plaint, regretté ; mais il lui convient de partir sans vengeance ; il passe en Allemagne. C’est là qu’on le voit parcourir un cercle assez monotone, et vivre de ses différens métiers. Un petit prince le ramene à Paris au bout de quelque tems. Pour lors il s’habille en femme et sert plusieurs Dames, de celles qui, capables de pénétrer bientôt le secret de son véritable sexe, sont faites pour en profiter, et ne point le trahir. Dans une maison entr’autres, il courait le plus grand danger s’il ne venait à bout d’être en même-tems cher à Monsieur, cher à Madame, les deux époux croyant, chacun, posséder exclusivement le ravissant objet de leur inclination. L’état de César chez Nicomède était moins piquant et peut-être plus vil. De chez ces gens là, Mademoiselle Justine (Cascaret féminisé se nommait ainsi) passe au service d’une Comtesse qui donnait à jouer. Rapignac fréquente ce tripot, n’y reconnaît point celui dont il a causé la perte ; mais en est parfaitement reconnu. La réputation de M. de Rapignac ne flaire pas comme beaume. Justine prend à tâche de l’observer, s’assure qu’il a de faux dés sur lui ; suscite un accusateur ; est cause qu’on se rue sur Rapignac ; qu’on le fouille ; qu’il est trouvé coupable et jeté par les fenêtres, heureusement sans qu’il se rompe le cou. Voilà le prêté bien rendu. Justine, contente jusqu’à nouvel ordre, se tient coi, de