Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/686

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
LE DIABLE AU CORPS.


car il est (comme nous avons vu ailleurs) en tiers de leur incestueuse intimité[1].

Bientôt un Commandeur très-vicieux, oncle de nos jeunes gens, leur enleve leur utile complice. Cascaret fait avec cet amateur (d’ailleurs très-brave homme) une campagne de mer ; se conduit bien, fait preuve de courage et gagne de l’argent : c’est sous le nom de Saint-Amand qu’il court cette glorieuse partie de sa carriere. De retour en France, son protecteur le place comme lieutenant dans un régiment de dragons, dont le Colonel, intime ami du Commandeur, est de même un zélé pygolâtre. C’est ici que M. de Saint-Amand manque l’occasion de s’élever. Il fait, à la vérité, très-bien son service ; il est aimable, ses talens lui méritent des succès ; mais incapable de couvrir du moins d’un voile d’hypocrisie ses lubriques inclinations, et ayant contracté l’habitude de laisser payer ses complaisances, il se fait bientôt, dans son corps, une réputation au-dessous de l’équivoque. Rapignac, après un semestre, arrive, et reconnaît M. de Saint-Amand pour l’être venu coiffer, à Dijon, dans un bordel. Éclat affreux : l’infortuné Saint-Amand est chassé. Son inhumain délateur lui refuse le collet, sous prétexte qu’un gentilhomme tel que lui, n’est pas fait pour se mesurer

  1. Voy. le 2e. vol., Pag. 60.