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LE DIABLE AU CORPS.


vous vous fâcheriez. — Dites toujours ; on verra. — Pensez-y bien : si je dis quelques sottises, c’est vous qui m’aurez en quelque façon défié… — Baste ! un compere a bien des droits. J’écoute. — Je pensais donc que, si vous pouviez être femme à commérer un peu, je serais votre homme moi. — Tout de bon ? — Ah ça, ne vous moquez pas de moi, je parle sérieusement, au moins. — Et si je vous prenais au mot ? — Je vous prendrais à la motte, ou le diable m’emporte… Un ah fi donc, compere, qui suivit aussi-tôt, nous assura que le cher Baron faisait en ce moment une vive incursion dans les pays bas maternels. Parbleu, continuait-il baisottant et se secouant comme un démon, je suis donc un goguenard moi ! un insolent, qui, sans avoir de véritables sentimens, chercherais à mettre en train une honnête veuve, une respectable commere, pour m’en tenir à éprouver sa vertu ! Oh bien, Mme. Culchaud, vous allez voir si je suis galant homme ou non. — Le bruit du chiffonnage redoublait : les petits mots de bienséance de la part de la Dame devenaient moins imposans, elle riait… Un pouf sur son lit, nous avertit enfin de sa défaite, que confirma sur l’heure, le craquement le plus bruyant d’un vieux bois de lit exempt depuis long-tems d’être mis à pareille épreuve. Cette bonne scene nous mit en gaieté ; nous imitâmes, et je vous avoue que pendant notre besogne, qui ne faisait pas moins gémir notre lit que le voisin, j’admirai la présence d’esprit de ma Nicole, qui prit à dessein la cadence de sa mere, afin de ne point nous trahir. Ce concert de couchettes était si plai-