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LE DIABLE AU CORPS.


adorateur ? Eh dame ! croyez-vous donc qu’on n’en aurait pas, si l’on voulait ? — Il faut vouloir, ma commere… — Pendant cet imbroglio, l’on était entré dans notre chambre, Mme. Culchaud quittait son mantelet, ses gants et changeait ses souliers contre des mules. — En vérité, Mme. Culchaud… — Mme. Culchaud ! Toujours Mme. Culchaud ! Eh ! M. le Baron, ce mot de commere que j’aime tant vous entendre dire, vous écorche-t-il donc la bouche ! — Ah ! pardon, ma chere commere (et nous entendons un gros baiser.) Tenez : savez-vous ce que je pensais tout-à-l’heure en vous voyant vous mettre à votre aise ? — Qu’est-ce que c’est ? — Que je ne vois à personne cette grace d’embonpoint qui vous sied si bien ; que vous paraissez avoir la gorge d’une fille de quinze ans. — On serait bien fâchée de l’avoir comme ça ? — Quand je dis de quinze ans, c’est pour la blancheur et la fermeté : et cette croupe ! Là, sans fausse modestie, vous avouerez qu’elle a de quoi faire donner au diable… tous vos compères ?… Je parie que cela est d’un rond !… (Il promenait apparemment ses mains) d’un dodu ! d’un succulent ! ah ! — Allons donc, petit compere, bride en main. — C’était un heureux coquin que ce M. Culchaud, de posséder une si belle femme ! — Ne croyez pas badiner : il y a dix ans que je valais bien nos grandes Dames d’ici. — Que dites-vous là, ma commere, vous valiez : vous valez, vous surpassez, vous… — Finissez donc, petit engeoleur. — Que lucifer me torde le cou si je plaisante. Faut-il vous parler vrai, ma chere commere, il y a long-tems que… Mais non ;