entendre la sainte messe, et la servante ayant
aussi pris le chemin du marché, mon médiateur
trouva bon que nous descendissions ensemble
à la chambre basse où Nicole occupait,
dans une vieille alcôve assez sombre, un lit,
jadis occupé par son pere, à côté de celui de
Mme. Culchaud. La bonne fille ne dormait
pas : elle pensait peut-être au quiproquo de la
veille, à son injustice envers moi… Notre arrivée
la troubla beaucoup et la mit à bon
compte fort en colere… Mais, cette passion,
avait deux objets : auquel donnera-t-elle la
préférence pour lui adresser sa violente éruption !
Je suis un sot ; j’ai blessé l’amour ; mais
je suis aimé : le Baron est un vaurien, mais
bien intéressant ; et, la veille, il a donné bien
du plaisir. — Tandis que, balancée entre ces
réflexions, elle promene, muette, sur nous
deux ses regards étonnés et farouches, le bon
hypocrite de Baron tombe à genoux… fait,
avec une enflure théatrale, son acte de contrition
plus humble que sincere ; proteste de
mon innocence ; plaint mon malheur ; et conclut
que celle que j’idolâtre et qui m’aime,
doit me rendre un bien qui m’était destiné,
que je mérite, auquel il renonce lui-même,
puisqu’il s’en est rendu trop indigne. En un
mot, c’est son propre pardon qu’il sollicite et
la double satisfaction de voir faire le prompt
et complet bonheur de son plus parfait ami.
Voilà, par exemple, à quoi la pudeur enfantine de Mlle. Nicole ne se prêtera jamais ?