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LE DIABLE AU CORPS.


ce réduit et payait assez, mal, désertait dès le matin, pour éviter le cordonnier, la blanchisseuse ; et, claquemuré tout le jour vers le poële du Café, ne rentrait que bien tard furtivement ; il retrouvait alors sa clef vers Nicole : celle-ci, la lui gardant, avait l’air de faire une bonne action ; car elle mettait de la sorte le pauvre diable à l’abri des apostrophes de la mere qui ne l’appercevait jamais sans qu’elle le tourmentât des demandes de son loyer et de l’énumération des créanciers qui avaient paru pour lui pendant le courant du jour. Cet homme était bien éloigné de soupçonner combien, au contraire, il nous obligeait.

LA COMTESSE.

C’était bien la peine de m’interrompre pour faire part à Madame de ce triste détail ? Laissez-moi parler, Monsieur. — Mon frere donc conçut à merveilles que quand la belle passion des novices amans serait à son point de maturité, il ne s’agirait que d’écarter habilement le héros de l’aventure et de figurer à sa place. C’est ce que l’événement justifia. — L’on fut enfin d’accord de faire si bien que l’inévitable épouseur ne trouvât plus qu’à glaner. Le jour, le moment sont fixés ; l’heure sonne. Déjà la tendre Nicole s’est emparée du poétique manoir ; Cascaret va monter à son tour… Mais la mere se trouve là, qui le prie d’une commission ! Ce contre-tems, bien entendu, ne venait que d’une menée de Monsieur mon frere. Cascaret, pourtant, ne prévoit rien de fâcheux : dans quelques minutes il pourra se retrouver près de sa chere Nicole… Point du