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LE DIABLE AU CORPS.


des fils qui aboutissent à la région du plaisir amoureux. Entends-je de la bonne musique ? je desire : vois-je un tableau galant ? mon sang s’agite : touche-je une peau humaine, mâle ou femelle ? je suis en feu. L’odeur même d’une rose, d’un œillet me fait pâmer de plaisir. Ai-je bu ? je suis dévorée ; je convoite tout ce qui peut me tomber sous la patte, et le foutre est pour lors la seule eau que je sache mettre dans mon vin.

LA MARQUISE.

La confession est modeste, en vérité !

LA COMTESSE, gaiement.

Pour achever, chere bégueule, je te dirai qu’après que j’eus pris au moins un verre de chaque liqueur, mon œil humide et tendre se fixant sur les galans dispensateurs de ces stimulans breuvages, semblait leur dire : j’ai trop peu fait pour vous. — Ils soupirent, comme pour dire : il est vrai. — Je soupire à mon tour. — Si l’on pouvait oser (dit à basse-voix le fougueux maître des hôtes) ?… — Nous oserions (ajoute le brûlant Cellérier.) — J’avais d’avance les yeux tournés vers le fameux canapé. Le Prieur, intelligent et bon compagnon, conçoit que c’est le moment d’entretenir le Procureur de quelque chose… de bien important apparemment, et qui exige qu’ils passent ensemble dans un arriere-cabinet. Cette retraite nous met fort à notre aise. — « Vous qui m’avez donné dans l’œil (dis-je, en riant, au maître des hôtes) postez-vous