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LE DIABLE AU CORPS.


sont au grand jour ; je m’en empare et vous les étreins !

LA MARQUISE.

Une ouvriere animée de ce zele ferait la fortune d’un bordel.

LA COMTESSE.

Quoique vous en puissiez penser et dire, j’avais raison. Quand on prend du galon, on n’en saurait trop prendre. — Ce surcroît de possession m’exalte, me met hors de moi ; je ne suis plus une simple femme, je suis une démoniaque en délire, dont Priape et Bacchus brassent le sang ; je sanglotte ; je siffle comme un serpent ; je jure ; je mords ; je broye à grands coups de mon croupion convulsif les deux fouteurs, qui me le rendent bien, je te le jure. Mais le jeu de mes mains est tout différent : avec une délicate adresse elles font mousser intérieurement chez mes acolytes le fluide de vie, mais je me garde bien de le faire monter trop à la hâte dans ses brûlans canaux… J’attends, pour consommer ma docte manœuvre, que la tempête du plaisir soit également préparée par-tout. J’en devine l’instant. Alors, je m’abandonne moi-même, tous mes gens sont électrisés, pompés ; quatre jets du divin élixir dardent ensemble et dedans et dehors. Je noye le Prieur ; la bordée du Cellérier se dirige vers ma gorge, mais celle du maître des hôtes me frappe comme un trait au visage ; un de mes yeux en est rempli… — C’est le Jourdain, dit-il, qui remonte vers sa source. — Cette galanterie monacale termine agréable-