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LE DIABLE AU CORPS.

LA COMTESSE.

Il avait commis une faute, cependant : c’était de laisser la porte ouverte. Pendant que nous procédions à ce tout si délicieusement savouré, le pere Procureur, verni sans malice, avait traversé la premiere piece, et, sur la porte de celle où nous étions, il attendait la fin de notre chaude séance. Lorsqu’elle fut achevée, gêne et pudeur à part, l’acteur et le spectateur, intimes amis, ne rient-ils pas aux éclats ! Moi, toujours à peu près ivre de vin et qui l’étais complétement de volupté, je ne suis point déconcertée ; je fais chorus avec eux et ris aussi comme une extravagante. Ce joyeux transport mettait bien sans doute le Procureur dans le cas de solliciter quelque petite portion de mes bonnes graces. La demande est une attaque assez vive ; ma réponse, une chûte immodeste sur le propice canapé. Mon nouvel athlete est un grivois de cinq pieds huit pouces, leste, fait au tour, ex-dragon. Une et deux fois tout d’un il me tape !… Ah !

(Elle baise ses doigts.)


Cela ne se décrit point ; il faudrait y avoir passé.

LA MARQUISE.

Mais ne me fais-tu pas des contes en l’air, petite diablesse ?

LA COMTESSE, avec feu, et
d’un ton sérieux.

Si je te ments que jamais vit ne me fasse l’honneur de m’entrer au corps.