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LE DIABLE AU CORPS.

LA COMTESSE.

J’abrege. — Tout le monde boit si bien que tout le monde est du moins en gaieté. Quant à moi, je suis, il faut que je l’avoue, un peu plus qu’en pointe. Bourgogne, Champagne, S.-Émilion, Malvoisie de Madère, Tokai, j’avais pris de tout cela, raisonnablement assez : ce qui faisait au bout du compte un peu trop. J’avais été presque polissonne à table, ce qui peut-être fit baisser un peu le thermometre du respect avec lequel on avait cru devoir me traiter d’abord : mais j’y gagnai du moins de paraître plus aimable cent fois…

LA MARQUISE.

Madame est modeste.

LA COMTESSE.

Il n’y avait certainement pas un seul de mes hôtes qui n’eût donné beaucoup pour passer un moment tête-à-tête avec moi, et j’avais assez adroitement partagé mes attentions, mes mines, mes œillades, mes douceurs même, pour que chacun pût croire qu’avec lui particuliérement, ce tête-à-tête me ferait le plus grand plaisir. Au sortir de table, j’étais si diablement en rut que j’aurais fait appel au premier qui se serait trouvé sous ma main… Dom Ribaudin avait beau jeu pour tourner à son profit ces dispositions devinées… — Ce sera bien chez moi (dit-il, me tirant à l’écart) que l’adorable Minette daignera prendre son café ? — J’entends (répondis-je comme une petite folle) fort et bouillant, je vous prie. —

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