Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
LE DIABLE AU CORPS.


motif. — Je fus bien folle aussi ! Ah, Mr. le Marquis ! si j’avais pu prévoir que j’aurais si-tôt le malheur de perdre mes parens, je n’aurais certes jamais été votre femme. Épouse-t-on tout ce qu’on desire ! tout ce qu’on s’est donné ! Ma sœur la chanoinesse n’a-t-elle pas bien su faire deux enfans le plus secrétement du monde ? et celle-ci ? et celle-là ? et tant d’autres qui se sont très-bien mariées par convenance, après s’être très-sensément appliqué les objets de leurs inclinations.

PHILIPPINE.

Savez-vous bien, Madame, que Mr. le Marquis a toujours la fantaisie de me donner des meubles, et trente louis par mois ?

LA MARQUISE.

Si je le connaissais galant homme, je te dirais, « accepte » : mais tu serais, à coup sûr, malheureuse : en agit-il bien avec qui que ce soit ?

PHILIPPINE.

Une bien plus forte considération pour rejetter ses offres, c’est que ses libéralités ne pourraient avoir lieu qu’aux dépens de ma chere maîtresse… mais n’entends-je pas du bruit là dehors ?

LA MARQUISE.

Vas voir ce que c’est.

PHILIPPINE, après avoir passé
un moment dans la piece voisine.

Madame, c’est un marchand de fleurs, qui

dit