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LE DIABLE AU CORPS.


pétrifié, dans l’heureux et solide agencement que j’ai taché de décrire.

C’est cet instant que nos mystificateurs ont impatiemment attendu. Certains de pouvoir approcher sans éveiller personne, ils pénetrent aisément par une porte, sans verroux, dont ils sont les maîtres ; munis de quelques aunes de ruban de faveur, ils natent, (usant d’autant d’adresse que de promptitude) de droite et de gauche, en deux tresses bien serrées, la longue barbe du Révérend pere avec les crocs épais qui décorent la motte de leur luxurieuse ennemie. Cette scabreuse opération (impossible sans le secours du fameux breuvage) s’acheve avec tout le succès imaginable. Les malins, au comble de la joie, courent alors à l’appartement de la Marquise…

Dans ce moment, quoiqu’il fût près de minuit, des personnes étrangères mettaient pied à terre au château. N’importe : l’une d’elles est la petite Comtesse de Motte-en-feu ; raison de plus pour qu’on ose proposer à Madame… et pourquoi pas à toute sa compagnie ? de venir voir la curiosité.

C’est La Plante qui, détaché (comme le chat, pour tirer les marons du feu) va, d’après l’instruction du singe Belamour, porter la parole en étouffant de rire. Il ose se montrer au sallon ; il presse pour qu’on daigne se transporter chez M.lle Nicole ? — À quoi bon ? — Il ne répond