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LE DIABLE AU CORPS.


remment pour éprouver la vérité du proverbe, que notre régaleuse but comme un Allemand. Deux bouteilles de Bourgogne, deux de Champagne, et, finalement, l’insidieux Malaga, tout fut sablé jusqu’à la derniere goutte.

Le gourmet Hilarion léchait encore, avec sensualité, les bords de son verre, après le dernier trait, que déja sa charmante, en pointe tout au moins, s’était élancée de sa chaise sur un lit de repos très-bas, où montrant, à découvert, un autre calice, elle demandait, fort clairement, pour lui, la préférence. D’après les conventions établies, et la donnée de deux caracteres, l’un impératif et fier, l’autre servile et timide, il n’y avait pas moyen qu’Hilarion évitât d’obéir. Voilà donc le Révérend qui se déplace aussi, d’assez mauvaise grace, et qui met lentement à terre un coussin, pour se placer assis dessus ; il s’appuye du bras droit sur le matelas, et reçoit, sur l’épaule de ce bras, la cuisse gauche de Nicole, dont l’autre cuisse, suffisamment écartée, est en saillie, avec la jambe et le pied posant à terre. Sa tête, renversée sur un oreiller et couronnée par un bras relevé, donne l’expression du parfait abandon, du recueillement et de l’attente du bonheur. Hilarion est bien assis, soutenu parderriere, au moyen de cette jambe dont son dos est croisé, et déterminé, par cette pression, à s’appuyer sur l’angle où son ministere est attendu : tous deux,