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LE DIABLE AU CORPS.


on sait que la soubrette aimait tant la pratique, même avec les femmes, tenait lieu de plus solides ébats. Disons mieux, cette charmante folie (dont il faut être un Hilarion pour ne pas chérir le galant ministere) était, pour l’opaque personnage, une corvée dont, à son grand regret, il n’était jamais dispensé.

C’est sur ce régime (que nos conjurés, espions à leur tour, eurent bientôt découvert ;) c’est sur le dernier article, sur-tout, qu’ils fonderent leur projet de vengeance. Ils s’assurerent que le vin qu’on buvait, était tel et tel ; pris dans tel endroit d’une cave assez mal gardée ; déposé, jusqu’à l’heure de la table, en tel endroit : mes frippons, sachant tout cela, détournerent, certain soir, une bouteille de Malaga, qui devait figurer au banquet, et lui substituerent un flacon, pareil en apparence, mais plein d’un Malaga mêlé d’une forte dose de drogue soporifique.

Au moment des préparatifs, ils virent, avec une vive joie, que la perfide bouteille avait pris le chemin du boudoir subalterne. Tout se passa comme à l’ordinaire, sinon que le Révérend fut, au grand déplaisir de son Erigone, fort laconique, sans énergie, avant de manger, et qu’ayant, à table, bourré, comme un ogre, son avide estomac, il y eut tout lieu de présumer que les graces ne feraient pas oublier la maigreur du bénédicité. Le vin, dit-on, console. C’est appa-

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