Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/560

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
LE DIABLE AU CORPS.


d’acquérir ce degré de capacité sans lequel il n’aurait point eu de prétexte décent pour se livrer à l’attrayante carriere dont Belamour savait aussi bien lui faire sentir, que lui peindre les avantages ; Félix, en un mot, fortement frappé, d’après son maître, de ce principe fondamental : « qu’avec de la figure ; de la facilité dans le commerce de la vie ; de l’intrigue ; et une profession pour servir de couverture, le giton doit aspirer à tout » : ce même Félix, si neuf, si béat, il y a trois mois, est maintenant un franc espiegle. Bon diable ; mais polisson, lutin ; menacé de n’avoir jamais de grands moyens comme acteur principal, mais tout fait pour être un accessoire extrêmement utile ; caressant ; annonçant une flexibilité d’humeur, une docilité tendre, bien propre à lui faire de nombreux partisans dans l’un et l’autre sexe ; ayant, vraiment, de quoi piquer le caprice des deux… Tel était subitement devenu Mons La Plante, fort goûté de tout le monde, excepté de la rancuneuse Nicole, qui, depuis ce qu’elle avait, en épiant, découvert, ne le désignait jamais que sous le nom de La Canulle…

On ne gagne rien à manquer de tolérance. — D’abord, le clabaudage de l’aigre soubrette, loin de desservir, auprès de la Marquise, le doublement commode Félix, lui valut, au contraire, d’être repris par cette Dame, précisément pour cet objet duquel la méchante fille publiait qu’il fai-

  2
16.