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LE DIABLE AU CORPS.


crise d’oubli total de son être, on l’empaqueta chaudement dans une ample couverture de laine, et, porté sur un brancard, il fut déposé dans le cabaret borgne, devenu son domicile ordinaire, depuis qu’une aigre dispute, à propos de la conscience de la Marquise, l’avait brouillé avec le Curé.

Ainsi se dénoua la plus illustre aventure galante qui fût jamais arrivée au pénaillon. Son destin comportait qu’après ce moment de gloire, il déclinât rapidement : et Saint-François (qu’outrait l’apostasie momentanée, bien plus que la paillardise habituelle d’un de ses plus chers chevaliers) lui retirant sa protection, Hilarion, guêté par Lucifer, devait être bientôt, par lui, précipité dans le gouffre du malheur.

Telle fut du moins la vision, trop tôt réalisée, qu’eut le pauvre diable de Capucin, dans le premier moment de sommeil où il put se rappeller d’avoir songé avec quelque suite. Il lui restait, de sa mahométique escapade, un remords dévorant. Ce turban pardessus la tonsure sacerdotale ! cette représentation du patron de la secte antichrétienne ! et pour quel objet encore ! Tous les détails de son crime peignaient à son imagination monacale un chapelet de cas réservés[1], dont il

  1. Sa treizieme complaisance en était un dont la Marquise s’était fait donner l’étrenne. Quoique les prélimi-