eu : dans cet affreux état, Hilarion fut surpris
d’un moment de sommeil léthargique ; ce fut
alors que la perfide et cruelle houri disparut,
peu satisfaite d’elle-même, non qu’elle eût pu
desirer, quant à la quantité, quelque chose de
plus que ce qu’on avait fait pour elle… mais,
cette chaude et longue scene avait été si monotone !
si peu piquante !… Tant de charmans accessoires,
vraie magie du plaisir, avaient été vainement
desirés ! Le baiser lui-même… ces doux propos,
ces préludes enchanteurs, ces partis capricieux
(d’un si grand prix quand ils surprennent, de si
peu d’effet quand il a fallu les provoquer.) Sur
tous ces points, pour elle si chers, la Marquise
emportait un vide que toute la masse de ses
grossieres jouissances n’avait pu remplir… Le
seul espoir qui la consolait un peu de s’être
elle-même assommée, c’est que (selon la premiere
idée qu’elle avait eue, et qui continuait de
lui sourire) Hilarion, à force de heurter, broyer,
conspuer son précédent ouvrage, l’aurait probablement
détruit…
Cependant, Nicole avait exécuté l’ordre de mettre à portée de sa Révérence, pendant son sommeil, de quoi réparer ses forces et sa chaleur, perdues dans l’opiniâtre lutte. Au bout d’une heure de néant, Hilarion, ressuscité, vit, avec une indicible joie, des viandes froides, du fruit, du vin ! (qui se trouva délicieux)