Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/553

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
LE DIABLE AU CORPS.


eu : dans cet affreux état, Hilarion fut surpris d’un moment de sommeil léthargique ; ce fut alors que la perfide et cruelle houri disparut, peu satisfaite d’elle-même, non qu’elle eût pu desirer, quant à la quantité, quelque chose de plus que ce qu’on avait fait pour elle… mais, cette chaude et longue scene avait été si monotone ! si peu piquante !… Tant de charmans accessoires, vraie magie du plaisir, avaient été vainement desirés ! Le baiser lui-même… ces doux propos, ces préludes enchanteurs, ces partis capricieux (d’un si grand prix quand ils surprennent, de si peu d’effet quand il a fallu les provoquer.) Sur tous ces points, pour elle si chers, la Marquise emportait un vide que toute la masse de ses grossieres jouissances n’avait pu remplir… Le seul espoir qui la consolait un peu de s’être elle-même assommée, c’est que (selon la premiere idée qu’elle avait eue, et qui continuait de lui sourire) Hilarion, à force de heurter, broyer, conspuer son précédent ouvrage, l’aurait probablement détruit…

Cependant, Nicole avait exécuté l’ordre de mettre à portée de sa Révérence, pendant son sommeil, de quoi réparer ses forces et sa chaleur, perdues dans l’opiniâtre lutte. Au bout d’une heure de néant, Hilarion, ressuscité, vit, avec une indicible joie, des viandes froides, du fruit, du vin ! (qui se trouva délicieux)