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LE DIABLE AU CORPS.


chere Marquise avait beaucoup réfléchi.)


Comme il faut décorer autant qu’on peut sa chimere, et se procurer des illusions agréables, je ne veux pas que le dégoûtant accoutrement… (qui d’ailleurs me retracerait des horreurs) paraisse devant mes yeux. Or, devine ce que j’ai conçu pour éviter cette disgrace ?

NICOLE.

Que sais-je ?

LA MARQUISE.

Cet homme… sa barbe bien peignée, puisqu’il ne peut la quitter,… coloré, les sourcils arrangés, et costumé pittoresquement, richement, à la Turque, serait peut-être de la sorte assez métamorphosé pour qu’au moyen de ce qu’il a d’ailleurs de très-recommandable, il devînt un objet duquel on pût tirer, du moins pour quelques instans, un parti fort avantageux. —

(L’idée était lumineuse, et, Nicole, se mordant les levres, était piquée de n’avoir pas imaginé de favoriser plutôt Orosmane ou Bajazet, que ce bélître d’Hilarion.) —

J’abrege, lecteur. — Le Tréfoncier, intime ami (comme vous savez ?) de la Marquise, avait, outre ses passions déja connues, celle du spectacle. À sa petite maison des boulevards, on jouait aussi la comédie : et le magasin, bien complet, était fourni des habits de caractere de tout genre, que comporte le dramatique amusement.