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LE DIABLE AU CORPS.


complets, poussés sans ménagement, comme sans obstacle. — Neuf pouces donc ? tout autant : les toisons se baisent, se compriment ; il y est. — Et l’araignée ? — Plaisante question ! A-t-on cru qu’il y en eût une ?

On conviendra que, dans cette notable conjoncture, un évanouissement pouvait être également motivé d’une excessive douleur physique (mais, grace au ciel, on ne l’éprouvait point ; au contraire) ou d’une excessive peine de cœur, quand on se sentait de la sorte, ex abrupto, polluée… déshonorée… Eh bien, supposons que c’était le profond sentiment de sa honte, et non l’envie de se laisser paisiblement fourbir, qui avait décidé Nicole à s’évanouir au plus léger attouchement de l’énorme braquemart. C’était, en effet, l’unique moyen décent de permettre qu’Hilarion goûtât et fît goûter complétement le fruit de son larcin impudique : c’était, après l’éclair de la premiere insulte, l’autoriser à risquer (selon ses puissans moyens) la récidive, avant que l’insultée n’en vînt aux éclats. Cette douce attente ne fut point trompée. Le perfide Hilarion, abusant de sa victoire, si peu difficile, se conduisit comme s’il eût eu à se venger de la plus opiniâtre résistance. Il mit la place à feu et sang. Lorsqu’enfin il fut bien prouvé que son infamie n’avait pas été l’effet d’un de ces premiers mouvemens qu’on peut pardonner à la violence

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