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LE DIABLE AU CORPS.


de tout tems, que ce moment critique, où le Capucin, trop sûr d’être en disgrace, n’approchait de la respectable soubrette qu’en tremblant… Eh bien ? que ce moment, si redouté, devait élever Hilarion de l’abyme de l’humiliation, jusqu’au comble du triomphe.

Ce ne fut pas sans beaucoup de politique que, du ton supérieur et grondeur, la digne Nicole descendit imperceptiblement jusqu’à celui d’un retour de confiance, d’un intérêt même, en vertu desquels elle sermonna pastoralement le pere sur ce qu’il avait commis d’exécrable dans le château. Sous prétexte de se mettre bien au fait de ce qu’il serait possible d’alléguer, au besoin, pour la justification du criminel, elle se fit raconter avec beaucoup de détail, les moindres circonstances du crime… « Avouez, disait-elle, qu’il faut avoir une furieuse rage de faire cette saloperie ! être dominé par un bien diabolique tempérament !… être, en un mot, organisé… d’une maniere !… car, enfin, des desirs de cette force ! pour une mourante qui n’avait plus figure humaine ! Je ne sais, en vérité, comment une personne de mon sexe peut s’exposer à demeurer un moment seule avec vous. — Avec votre naturel et vos mœurs, vous pourriez déja m’avoir dix fois insultée… Je m’en avise à propos : allez, fuyez, sardanapale… Je n’en suis peut-être pas à m’appercevoir…

                  (Les yeux fixés au-dessous de la