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LE DIABLE AU CORPS.


Le défroquement de Félix était, en effet, la suite d’un instant de caprice que Madame avait eu ; mais dont, quant à l’article essentiel, elle s’était apparemment si peu bien trouvée, que se le reprochant, ou ne croyant point qu’il pût compter comme événement, elle n’en avait pas dit le mot à Nicole. Au reste, Madame avait offert au capucineau, dans le début de leur unique entrevue, de le mettre à même de se passer de la séraphique besace. Ayant été prise au mot, quoique attrapée, elle ne reculait point, et voulant faire un sort quelconque à Félix, en attendant que sa désertion fut civilisée et qu’il pût se montrer, elle trouvait bon que Belamour le logeât, prît soin de lui : le reste ne pouvait l’intéresser, c’était leur affaire, elle ne s’en serait nullement mêlée. Mais Nicole voulait tout approfondir : elle perça plusieurs trous ; et le fruit de ses peines fut la pleine certitude que, de jour même, et sans beaucoup se gêner chez eux, le maître et l’écolier se donnaient des preuves, parfaitement réciproques, de la plus chaude intimité.

Cependant, il manquait encore à la jalouse, quelques degrés d’évidence sur tout cela, quand, certain soir, Hilarion se trouva de retour, à l’improviste, et conduit, par le diable, chez cette Nicole, pour qui quelqu’un, en passant, l’avait chargé d’une lettre.

Nos destins sont immuables ; il était arrêté,