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LE DIABLE AU CORPS.

NICOLE.

Peste ! et cela ne vous fait pas peur.

LA MARQUISE, avec feu.

Je l’affronte, au contraire, avec intrépidité ! j’en suis perforée ; je le sens contre la pointe du cœur… Au même instant, je suis injectée d’un torrent enflammé qui se mêle à tout mon sang… Dévorée, consumée, je perds connaissance, comme noyée dans cet océan de délices. Tout se brouille alors pour moi : l’image de mon petit fouteur s’éclipse ; je m’endors apparemment d’un sommeil plus matériel… Pourtant, l’écho de mon heureuse rêverie… (je me le rappelle) me fait encore éprouver l’équivalent… oui, de quatre ou cinq coups bien étoffés, dont on m’aurait gratifiée jusqu’à mon réveil[1]. —

Qu’aurait pu riposter à cette étrange confidence, la stupéfaite Nicole ! Il était notoire qu’Hilarion, à qui l’on avait été bien éloigné de penser, s’était trouvé très-vivement provoqué, sous l’apparence de son frere lai : le bien que la Marquise disait de l’attribut, devait ne point être une fable, que dis-je ! Nicole, à ce sujet, ne pouvait avoir aucun doute. Tout bien examiné, cette fille sensée commençait à reconnaître que le seul tort

  1. Il est clair que Mme. la Marquise était infiniment mieux, pendant qu’elle avait ainsi parlé.