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LE DIABLE AU CORPS.


rieuse troupe dont je vous ai peint avec vérité les jeux priapiques, n’en est pas encore à baisser la toile, et si la sécheresse du récit ne permet pas qu’on vous intéresse bien plus long-tems aux mêmes objets, il n’en est pas moins vrai que vous ne seriez ni fatigués, ni refroidis, si vous aviez vu tout ce que je vous ai raconté, et si vous pouviez voir encore ce qu’on est en état de faire. — Continuez à vous promener dans ce temple où la jouissance et le caprice ont tant d’autels, vous y admirerez l’insatiable petite Comtesse, ivre de liqueurs et de luxure, s’acharnant, en véritable bacchante, après l’Orphée-Adolph ; ne le déchirant pas toutefois, mais exécutant avec la derniere opiniâtreté le double projet qu’elle a de le pervertir et de le mettre aux abois. Voyez comment, à force de dévergondage, elle induit enfin cet ingénu (qui de sa vie n’a fait un pas hors du chemin de la Nature) à s’égarer, et à commettre de toutes les obscénités qui se passent autour de lui, celle qui répugne le plus à ses principes… Cependant, semblable au sage Memnon du conte moral, voilà que le bon Adolph, une fois lancé, court tout comme un autre et d’aussi bon courage dans la honteuse carriere. Tout en se disant à lui-même : — Cela est affreux : je cesse d’être une créature pensante et raisonnable : je me fais brute : je suis un pourceau qui me vautre dans la fange du crime. — Le vigoureux métaphysicien n’en joue pas moins, avec