Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
LE DIABLE AU CORPS.


quand un des joueurs, avec qui la Présidente avait mis quelques louis en société, l’a appellée pour partager le produit d’une taille heureuse. Je suis donc restée tête-à-tête avec le fanfaron. — « Si nous n’étions pas confreres (lui ai-je dit en feignant un peu d’embarras) je vous prierais, Mr. le Chevalier, de mettre la conversation sur quelque autre chapitre »…

PHILIPPINE.

Il était pourtant assez de votre goût, celui-là.

LA MARQUISE.

Sans doute. Mais devant les gens qu’on n’a jamais vus ! Retiens cette leçon, Philippine : quelque catin que soit une femme, il faut qu’elle sache se faire respecter, jusqu’à ce qu’il lui plaise de lever sa juppe.

PHILIPPINE.

Je pense de même.

LA MARQUISE.

Revenons à mon causeur. — Après quelques raisonnemens de part et d’autre, je me suis opiniâtrément retranchée dans l’avis par lequel je croyais pouvoir contrarier et fâcher mon Gascon : en un mot, j’ai dit tout net, que je croyais à peine à l’existence des Tire-six, mais moins encore à celle des Tire-sept, huit, neuf, et plus, fussent-ils voisins de la Garonne. — « Sandis, Madame, (a riposté mon pétulant antagoniste, avec un mouvement violent qui m’a presque effrayée) « vos doutes offensent mon honnur, et mé prévalant, né vous

  1
3.