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LE DIABLE AU CORPS.


à-dire, dans la fente naturelle. Là, graces au feu terrible que tant de folies y ont allumé, graces à cet aimant magique dont la chere Philippine est si richement pourvue, aimant bien plus efficace que tous les diaboleni de l’univers, et par la vertu duquel telle femme va faire du plus frêle champion un Alcide, tandis que, sans lui, telle autre va glacer dans ses bras le plus vigoureux Franciscain : le Tréfoncier, disons-nous, dans le délicieux réduit qu’il a préféré, trouve la fontaine de Jouvence. Assez enflammé pour desirer à l’excès ; assez affaibli pour ne pas tomber trop promptement en crise, il rencontre, par hasard, ce difficile et rare équilibre, qui seul donne au plaisir son véritable degré de perfection, en centuplant ses nuances et en étendant ses bornes jusqu’au seuil du néant. — Pour Philippine elle-même, (de qui l’organisation est plus fine que robuste, de qui les sens sont plus susceptibles de volupté que de fureur-lascive) les délices que nous essayons de peindre valent mieux encore que celles qu’elle a dues à la fougue de Zamor. Les progrès du plaisir sont à peine sensibles ; mais il croît, brasse le sang, y circule, l’embrase, le consume… Déja sa croupe de neige se nuance de ce tendre incarnat dont la peau de nos fausses voluptueuses n’est jamais embellie… — Comédiennes de Paphos ? vous frémissez quelquefois, vous vous disloquez, vous haletez, jurez, mor-

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