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LE DIABLE AU CORPS.


deux corps admirables, chacun le chef-d’œuvre de son sexe et de sa couleur. —

Gare, Zamor ! ce moment décisif où la plus indomptable force cede aux effets accablans du plaisir, est celui que le rancuneux Tréfoncier attendait pour sa vengeance. Tu n’as pas voulu permettre ce qu’il voulait tout-à-l’heure ? Eh bien, c’est toi, maintenant, qui payeras pour la Marquise : le tempérament protée de l’insatiable paillard a déja changé d’objet, et ton cul de bronze vient d’allumer un bizarre desir. Tu n’as pu prévoir ce qu’on te destine… Il n’est plus en ton pouvoir de t’y opposer. Pressé par tous les membres de ta sublime fouteuse, savourant l’ivresse de sa jouissance si passionnément desirée ; fixé par l’aimant de ses baisers, tu ne troubleras pas d’aussi parfaites délices pour dérober, par fausse honte, une stérile partie de toi-même au capricieux conquérant qui vient de l’envahir… — Que dis-je ! tu ferais une bévue si tu ne te résignais pas. Songe, (s’il te reste la faculté de réfléchir) que ce qui t’arrive tournera nécessairement à l’avantage de tes moyens… Tu l’éprouves en effet : la Marquise y gagne elle-même, puisqu’au retour du plus complet égarement, elle sent que l’instrument de son bonheur n’a rien perdu ni de sa force, ni de son extension… Qui ne sait ce que peut, pour entretenir l’état brillant où tu te trouves, l’aide que te donne le Prélat ! C’est à sa