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LE DIABLE AU CORPS.


touche au but et croit pouvoir pénétrer, autant de fois par un mouvement à peine sensible le but est déplacé : cette contrariété piquante dégénere en un passe-tems bouffon dont la dupe elle-même est amusée : la Marquise y figure avec toute la malice imaginable : on croirait qu’elle ne seconde point Zamor, et que, sans lui, le Tréfoncier la trouverait docile, mais tous deux s’accordent à merveilles ; c’est elle qui, si Zamor est immobile, réunit les deux hémisphères au point de rendre leur vallée impénétrable ; c’est lui, qui rompt un moment après toutes les mesures quand l’agaçante Callipyge se dilate et semble vouloir céder… Cependant ce qui prouve enfin qu’elle n’en a pas le caprice, c’est qu’après avoir assez amusé l’assemblée par le spectacle de cette escarmouche originale, sur laquelle tous les yeux se sont fixés, elle y met fin en se renversant à l’improviste sur une place qu’on vient de laisser vacante dans le fameux canapé. Zamor, obéissant à ce mouvement avec toute l’intelligence possible, se courbe avec sa proie, et ne perd rien de ses avantages… — C’est alors que commence tout de bon une sérieuse et savante lutte où l’ardeur et la célérité des combattans feraient presque oublier qu’ils sortent de combattre vigoureusement ailleurs. Tous les admirent ; tous sentent réveiller, par leur exemple, l’envie et la force de les imiter. — Rien de plus beau que le grouppe de ces