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LE DIABLE AU CORPS.


suivi de l’œil par notre chere Philippine : elle a bien voulu lui permettre d’aller un moment se purger de leur commune souillure. — Et pourquoi ne l’accompagne-t-elle pas ! A-t-elle moins besoin que lui du secours de la toilette ! — Non sans doute : mais elle est encore à moitié pâmée… Elle se trouve si bien !… et le retour de Zamor promet encore de si jolies choses !… car il va revenir ? — Hélas, non. —

Ne plaît-il pas à la capricieuse Marquise de le raccrocher et d’exiger… — « Venez, Zamor : je suis anéantie ; purifiez-moi. » — Le Negre obéit. Tandis qu’il baigne, éponge et remplit ces intimes fonctions avec toute l’adresse et l’intelligence qu’un serviteur, formé par la Comtesse, ne peut manquer d’avoir en pareil cas, on daigne s’appuyer sur lui d’un air familier, confiant et presque caressant… Bientôt on lui sourit : d’un regard expressif on le toise, on le parcourt de la tête aux pieds… il est trouvé sans défaut… — « Mettez-vous là » (devant elle, assis en face sur la cuvette du même bidet : quelle folie !) Déja, comme en badinant, on a jeté deux ou trois fois sur son braquemart couvert d’écume, de l’eau prise dans le creux de la main… il n’en est pas plus humble… Par degrés on s’humanise jusqu’à le toucher… — Qu’il est beau ! c’est un lingot qui vaut plus que son volume d’or… — Non-seulement on le tâtone, on le flatte, mais