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LE DIABLE AU CORPS.


excessif où la jette cette nouveauté sublime, se tord, bondit, plante, comme une chatte en folie, ses doigts dans l’étoffe des coussins, et profere dans son jargon national, on ne sait quelles exclamations baroques, qui peuvent signifier beaucoup, mais qu’on ne comprend gueres : la Comtesse, à qui l’effet prouve pleinement combien la cause a de vertu, redouble encore d’ardeur pour la Négresse, l’accolle, la serre corps à corps, sans égard pour le Prussien, parfaitement content où il était, mais que l’on vient de déplanter. — Bouche à bouche, sein contre sein, corail contre corail, l’ébene et l’ivoire s’agitent, s’embrasent, et n’ont pendant quelques instans qu’une ame… — La tendre Zinga ne se retrouve enfin que pour s’aviser qu’elle peut et doit devenir bienfaitrice à son tour. Avec l’agilité du poisson qui fend l’onde, elle se dérobe sous le corps de sa brûlante amie, et glisse jusqu’à portée de son petit soleil. Le doigt novice de Frédéric est chassé de ce foyer ; l’intelligente Zinga vient d’apprendre ce qu’il convient qu’elle y substitue. Cependant, par cette brusque manœuvre, tous les trésors de la ravissante Africaine sont jetés au-devant du vacant Frédéric. Zinga, les talons sous les fesses, les genoux écartés, le corps soulevé, ne pourrait s’arranger mieux pour ménager à quelqu’un la plus commode enfilade. Aussi M. Frédéric ne laisse-t-il pas échapper une occasion