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LE DIABLE AU CORPS.


point à notre madrée Comtesse ; l’envie de rire est chez elle assez forte pour l’obliger de suspendre un instant le galant service qu’elle rend à Zinga ; et, tournant la tête vers l’Androphile démasqué : — « Que n’en ai-je un aussi ! (lui dit l’écervelée) je pourrais m’acquitter sur l’heure avec vous ». — Ce bon ou mauvais quolibet ne déconcerte point assez le Prussien pour qu’il renonce à sa besogne ; mais, un peu confus, et voulant en quelque façon réparer sa faute, il affecte de s’attacher à la frange d’or, et de chercher, à travers ses brins, touffus, certain angle qu’on sait être doué de la sensibilité la plus exquise. Hélas ! peu fait à ce genre de complaisance, notre homme s’oriente mal : peu s’en faut qu’il ne sache pas rencontrer le point magique, on le lui met plutôt sur le bout du doigt qu’il ne l’a trouvé lui-même ; le tout s’arrange enfin, non sans divertir beaucoup l’espiegle Comtesse un peu gâtée sur l’article par les Français qui excellent à ce badinage pour lequel peu d’étrangers se piquent de les valoir. Tellement quellement le doigt inexpérimenté vient à bout de sa tâche, et l’ardente fellatrice éprouve à son tour une partie de ce qu’elle fait éprouver à son éleve… — Éleve ! Qui ? — Zinga : car c’est pour la premiere fois que l’ingénue doit un si doux moment à la galanterie d’une femme ! Quelle précieuse découverte ! Quelle féconde source de voluptés ! La trop heureuse Zinga, dans le délire

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