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LE DIABLE AU CORPS.


bouche, qu’une langue divine vient au devant de la tienne, et qu’un soupir de feu, poussé jusqu’au fond de ta poitrine, semble être un défi de livrer le plus opiniâtre combat. Au premier mouvement que tu fais pour y répondre, deux bras d’albâtre t’enlacent, t’étouffent ; des cuisses, dont le satin, la douce chaleur et le frémissement mettraient en feu le plus froid des humains, pressent tes flancs ; et les jambes croisées sur tes doubles reins, marquent d’avance une espece de mesure que tu suis avec une intelligence admirable… Courage, ami, lime, fais merveilles… — Mais d’autres objets méritent aussi mes regards : appellés par-tout, je ne sais où les fixer avec le plus d’intérêt… —

Encore cet Adolph et la Marquise ! Ils ne finiront donc jamais !

Bon : je vois Nicole assise sur le grave Frédéric. Elle semble se défier un peu de ce champion, et vouloir s’assurer si sa gloutonne dévanciere l’a quitté capable encore de quelque galant exploit… Elle sourit ! elle n’a donc plus de doute… Mais, à quoi bon se retourner comme elle fait ! c’est apparemment parce que ses traits piquans et sa gorge unique ayant reçu le tribut d’éloges qu’on leur devait, elle est bien aise de faire admirer à leur tour ses reins parfaits et sa superbe chevelure ?… Que vois-je ! un mouvement de colere de sa part ! un regard menaçant vivement jeté sur