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LE DIABLE AU CORPS.

LA MARQUISE.

Qui ne l’est pas ! Mais il s’agit bien d’autres travaux, ma foi ! Contentes-toi cependant de savoir que les charmes seuls et les talens en amour déterminent le rang parmi les membres de notre heureuse société. Je ne serais point étonnée que toi, que j’aurais proposée, tu ne fusses peut-être en bien peu de tems plus avancée que moi. Cette tournure, cette fraîcheur unique !…

PHILIPPINE, un peu confuse.

Ne vous moquez donc pas de moi, ma chere maîtresse.

LA MARQUISE.

Je te jure que je ne connais rien au monde d’aussi piquant, d’aussi dangereux… Tu le sais bien, fripponne ? Combien d’infidélités ne m’as-tu pas fait faire à mes amis, dans le plus fort de mon goût pour eux ! Va, tu es bien heureuse que je sois anéantie ce matin : autrement, je te rappellerais parbleu bien que tu es en droit de me faire parfois tourner la tête…

(Elle met une main sous le fichu de Philippine, et va de l’autre lui lever les juppes).
PHILIPPINE, la baisant.

Là, là, Madame, pour un autre moment, nous avons bien d’autres choses à traiter.

LA MARQUISE, la laissant.

J’ai d’abord mon histoire à t’achever. Tu

comprends