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LE DIABLE AU CORPS.


Nicole, supposées (par les étrangers) égales de leur maîtresse, et caressées, exprès, par la Marquise, se trouvent tout-à-fait à leur aise : elles se tirent parfaitement d’affaire ; tant il est vrai que les femmes ont, sur-le-champ, dans les circonstances qui leur sont le moins familieres, ce talent de la scene et de l’imitation qui équivaut chez elles à l’habitude, sans laquelle notre sexe[1] représente assez gauchement. — Au punch, succede le bischoff que le Tréfoncier avait promis, boisson naturellement irritante, mais que le rusé Prélat avoit eu la malice de faire préparer de maniere qu’il fût difficile, aux Dames sur-tout, d’en goûter impunément : toutes y sont prises et sentent dès la seconde libation leur sang dans un état d’effervescence dont il n’est gueres possible que tous ces connaisseurs ne soient bientôt au fait. — Comme tout est réciproque de part et d’autre, et que les cavaliers ne ressentent pas moins les effets du filtre stimulant, on s’électrise mutuellement à tel point, que la moindre étincelle doit occasionner à l’instant le plus terrible incendie. C’était à qui jeterait le gant, lorsque Zamor, qui venait de disparaître, rentre avec un paquet assez volumineux, mais léger, qu’il dépose, en souriant, au milieu de la salle. La petite Comtesse, curieuse à l’excès, court défaire l’enve-

  1. C’est le Docteur qui parle.