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LE DIABLE AU CORPS.


musicale. — La Comtesse (qu’on connaît bien) s’intéresse à-la-fois à tous ces nouveaux objets, et sait, en gros, qu’elle ne pourra manquer d’avoir bien du plaisir. Ce pressentiment lui donne une gaieté folle, pour laquelle, même, elle est un peu grondée dès le premier entr’acte de la symphonie, ce qui ne la corrige pas de batifoler et d’agacer la Marquise, plus capable de donner à cette excellente musique une sérieuse attention…

Tous ces détails (m’allez-vous peut-être dire) sont de trop. — Oui, pour vous, mon cher lecteur, si vous êtes de glace et ne connaissez pas l’empire de la musique ; ou si libertin, exclusivement à toute autre inclination, vous êtes incapable de souffrir dans une galerie lascive un seul tableau qui ne vous montre pas les gros objets. Mais si vous croyez au très-réel enchaînement des différentes ivresses dans lesquelles la Nature nous permet d’oublier de tems en tems nos peines, vous comprendrez qu’Apollon et Vénus se donnent la main ; et qu’un bon concert peut être une excellente préparation aux ébats amoureux. Le Tréfoncier, (croyez-moi) savait très-bien ce qu’il faisait en ébauchant par la fraternité musicale l’intime fusion dans laquelle son but était d’entraîner incessamment tous ses inflammables convives. — Je vous épargne cependant le bulletin du concert, où tous les principaux acteurs firent des prodiges ; où la Marquise,

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