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LE DIABLE AU CORPS.


qui, par bonheur, sont dans un négligé dénué de toute marque de distinction, sont priés de garder tout-à-fait l’incognito et de se mêler aux concertans, comme s’ils étaient du métier eux-mêmes. Ils sont, en effet, très-propres à soutenir ce petit déguisement ; presque tous les Allemands bien élevés, faisant, dès leur enfance, une étude sérieuse de la musique, et manquant rarement d’y faire des progrès. Or, ces Messieurs sont réellement fort habiles. — En Allemagne, une proposition telle que celle du Tréfoncier, souffrirait, sans doute, de grandes difficultés, les nobles de haut parage n’y descendant pas volontiers de leurs échasses ; mais, à Paris, ne faut-il pas se mettre au courant, et apprendre à se dégourmer à propos ! — C’est donc sur le pied d’enfans de Gérésol que ces Messieurs vont être présentés. — Pour que toute la petite mystification que le Tréfoncier se propose puisse avoir son plein effet, il faudra bien qu’il trouve encore le moment de prévenir la Comtesse et la Marquise à l’oreille, que Nicole et Philippine paraîtront incessamment, et qu’il convient qu’elles soient accueillies comme des égales ; cette fantaisie du Prélat étonnera bien un peu les fausses musiciennes ; mais elles ont trop de bon esprit pour ne pas sentir qu’il est incapable de vouloir les mortifier, et pour ne pas attendre l’événement avant de lui savoir mauvais gré de les confondre de la sorte avec des soubrettes. — Il se réserve de dicter en particulier les rôles à celles-ci, quand elles se montreront. — Lecteur, ce long, mais nécessaire préambule, doit vous avoir assez ennuyé pour qu’une description de la délicieuse maison du Tréfoncier vous fît peut-être tomber le livre des mains ? Je vous l’épargne donc, pourvu que vous veuilliez bien vous figurer l’élégance la plus complette,

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