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LE DIABLE AU CORPS.


je suis fort au fait des mœurs de la Dame, et qu’on la connaît pour ne s’entretenir jamais de suite que d’une seule chose, je me tenais un peu à l’écart, mais l’extravagante m’a forcée d’approcher, en me disant : « Venez, Marquise ; venez donc ? je suis en contestation avec Monsieur sur un point qui est de votre compétence ». Puis, s’adressant à son interlocuteur, elle a ajouté tout bas : « Nous pouvons traiter librement la question devant la Marquise, elle est des nôtres : c’est la Fougere » !…

PHILIPPINE.

Des nôtres ! la Fougere ! qu’est-ce que cela pouvait signifier, Madame ?

LA MARQUISE.

Je te l’apprendrai quelque jour. En attendant, tu peux savoir que la Fougere est mon nom dans certaine confrairie[1]… Oh ! je ne

  1. Note de l’Éditeur. — Je me rappelle parfaitement qu’autrefois j’entendis dire au Docteur Cazzoné, qu’il existait, sous le nom d’Aphrodites une société de voluptueux des deux sexes, voués au culte de Priape, et qui renouvellaient dans leurs secrettes orgies toutes les débauches antiques dont nous avons une légere connaissance par les écrits et les monumens qui se sont conservés jusqu’à nous. Mais ce dont je me souviens aussi, c’est que les véritables Aphrodites, en assez petit nombre, tiraient, tous, leurs noms du regne minéral, tandis que les affiliés, c’est-à-dire, des membres beaucoup plus nombreux qu’on admettait aux pratiques, sans qu’on leur donnât la parfaite connaissance des mysteres et sans qu’ils prêtassent le grand serment, tiraient leurs noms du regne végétal. Ainsi, la Marquise et d’autres qu’on