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LE DIABLE AU CORPS.


suis encore à même de vous représenter ce précieux cadeau ?

LA COMTESSE, avec feu.

Est-il bien possible ! Eh bien, mon tendre ami, cette preuve d’attachement me désarme ! je te rends toute mon amitié : que je te la prouve de toute mon ame… Embrasse-moi. —

(En même tems elle s’est levée, a jetté ses bras autour du cou de Belamour, collé levres sur levres, pénétré dans la bouche du séduisant coiffeur, agacé sa langue, et soufflé jusqu’au fond de sa poitrine le feu du desir. Pendant cette brusque accolade, une main effrontée assiege la ceinture, met au jour la virilité de Belamour, la parcourt, l’excite et met savamment en usage le moyen qui réveille infailliblement cet animal quand il s’est laissé surprendre assoupi. La Comtesse s’enflamme elle-même à ce jeu de main. Elle ne quitte la bouche du coiffeur que pour s’abaisser jusqu’à l’objet qu’elle excite, toujours intéressant pour elle, toujours nouveau, qu’elle brûle de comparer à ce qu’il pouvait avoir été six ans auparavant. Ce n’est pas sans difficulté que ce joujou, fatigué des travaux de la veille et de ceux du jour, atteint son degré ordinaire d’extension et de roideur. Il y parvient pourtant, graces au magique secours de l’experte Comtesse. Elle est pour lors à genoux, et si près de son ancien hochet, qu’elle ne peut se retenir d’y porter la bouche. C’est un de ses caprices favoris ; Belamour, qui ne s’en souvenait plus, n’a pas le tems de prévenir cette brusque attaque. Quand il reconnaît qu’il s’agit de plus qu’un baiser, il fait un léger effort pour faire démordre la Dame ; mais,

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