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LE DIABLE AU CORPS.

BELAMOUR.

Le complaisant : (ce qu’il vous plaira) de ma respectable maîtresse !…

LA COMTESSE, avec hauteur.

N’avez-vous pas été le mien !

BELAMOUR.

Mais, vous aviez à peine quinze ans alors : nous étions des enfans sans frein, sans connaissance de nos devoirs, sans notions de la distance de nos états et de la dangereuse conséquence dont pouvaient être nos folies… Nous étions égarés, corrompus par votre diable de frere qui avait la rage de vous livrer à moi, qui soufflait le feu de notre tempérament naissant qui jettait l’un dans les bras de l’autre, et venait s’y jetter ensuite, qui jouissait de nos jouissances ; et qui, ne connaissant ni les barrieres du sexe, ni celles du sang, voulait, en un mot, que tous trois nous ne fussions qu’un… Notre existence était alors un délire…

LA COMTESSE, soupirant.

Ah, oui, Cascaret, celui du parfait bonheur… Tu viens d’en retracer si vivement l’image ; viens donc, maudit philosophe, m’en donner aussi, du moins un moment, la réalité : viens…

                  (Elle ouvre les bras et prend la posture la plus indicative.)