Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
LE DIABLE AU CORPS.

LA COMTESSE.

Tu te fiches de moi, je pense, avec ton ton complimenteur. Qui t’a rendu si poli ! Certainement, tu n’y gagnes pas, mon ami. Cascaret l’ingénu, le jovial, le fringant Cascaret était bien plus aimable que ne me paraît l’être le précieux Belamour. Quant à moi, je suis toujours Minette : faut-il me voir forcée à te le rappellera. Réponds…

BELAMOUR.

Me soupçonner capable d’oublier des jours semés de tant de bonheur, ce serait outrager mon ame. Mais depuis six années, Madame, il doit s’être fait bien du changement ! L’amitié de Mr. le Baron, qui m’avait assez enivré d’orgueil pour qu’à la fin je me regardasse presque comme son égal…

LA COMTESSE.

Et les folies de sa sœur t’avaient-elles moins gâté ?

BELAMOUR.

Ne doit-il pas me sembler maintenant que tout cela fut un songe !

LA COMTESSE.

Nigaud ! S’il était vrai que tu le pensasses, j’aurais bientôt fait de te désabuser… Laisse-moi reconnaître un seul trait de mon cher Cascaret, et je te fais bientôt retrouver toute ta Minette… Le voilà médusé !… Eh bien !… Le trait est neuf en vérité ! D’où peut vous venir, de grace, cet impertinent respect ?