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LE DIABLE AU CORPS.

LA MARQUISE.

Écoute jusqu’au bout, mon bon ami : tu verras que je ne suis nullement tyrannique ; que personne n’ayant plus que moi besoin de l’indulgence d’autrui, personne aussi n’excuse mieux les écarts de l’inconstance humaine. Mon projet n’est assurément pas de m’emparer despotiquement de ton être, de t’enlever pour jamais à tous les goûts, de borner à moi seule l’immensité naturelle des desirs d’une créature aussi sensible que toi ; mais, jusqu’à ce que j’en ordonne autrement, tâche de ne desirer que moi ? de ne vivre que pour ta bien tendre et bien amoureuse maîtresse ?

BELAMOUR, après avoir reçu
et rendu un baiser passionné.

Il faudrait que je fusse un grand malheureux ! le plus lâche, le plus vil des humains, si… Mais vous ne pouvez en avoir le soupçon. Est-on vous, au monde !

(Baisers.)


Croyez, ah ! croyez bien fermement que jamais… C’est, pour le coup, le trait de sympathie le plus sublime… Non, jamais divinité de votre sexe, par moi si vénérée, si desirée, ne me fit l’impression que j’ai éprouvée en paraissant devant vous… Vous voyant, j’ai cru voir les Cieux ouverts ; et, dans vous seule, toutes les houris ensemble, que le voluptueux Mahomet promit à ses élus… Ô vous ! etc…

(Ce qui suit ne peut plus être jetté sur le papier sans perdre de son extrême cha-