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LE DIABLE AU CORPS.


épouse ont bientôt tout éclairci : la vessie et sa pénétrante embouchure sont encore sous nos pieds ; les immondices dont je suis encore couvert, l’intégrité de mon vêtement, qu’assurément on ne m’a pas laissé le tems de rajuster, tout dépose en notre faveur, tout condamne la fureur homicide du visionnaire et nous justifie… Je suis aimé des voisins ; je jouis d’une réputation de mœurs qui ne permet aucun soupçon… M.me Cornu peut-elle être desirée ! Ce n’est pas sans peine qu’on fait toucher au doigt par le funeste époux l’évidence de ces preuves… Cependant je suis sans mouvement : e chirurgien du quartier, qui survient enfin, juge très-dangereuse la plaie de mon pauvre chef. La peur de m’avoir tué dégrise tout-à-coup le diable de perruquier ; elle convertit ses mouvemens de fureur en mouvemens de repentir et de compassion. Il maudit son aveuglement ; il se traite lui-même de chien, de monstre ; il se met aux pieds de sa femme et lui demande grace : elle, pour le consoler, l’assure que, pourvu que je meure, elle espere bien de le voir pendu.

LA MARQUISE.

L’heureux naturel !… Voilà pourtant un horrible mal-entendu, mon cher. Ou toutes les regles de l’astrologie judiciaire sont fausses, ou vous ne naquîtes pas sous un astre favorable à l’exercice de la médecine. Quel dénouement enfin eut tout cela ?

BELAMOUR.

Le chirurgien me fit porter dans sa maison.