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LE DIABLE AU CORPS.


river pis que ce que vous allez entendre. — Mon mauvais génie n’a-t-il pas ramené l’ivrogne époux au logis, tout juste pendant que j’exerçais mon charitable ministere. On ne l’a point entendu ; il a vu quelque chose : il observe ; sa tête est échauffée des vapeurs du vin ; elle est bien autrement troublée d’un affreux transport de jalousie, auquel la circonstance peut si bien donner lieu. Les accens maudits complétent sa fatale illusion : il entre comme la foudre, et frappe de même ; du premier coup de sa lourde canne, je suis étourdi ; d’un second, qui porte sur ma tête, je suis terrassé : M.me Cornu, qui n’a pas eu le tems ou la présence d’esprit de changer de posture, est moulue de coups ; on revient contre moi ; on retourne contre elle… Ses cris affreux répandent une alarme générale : moi, gisant à la place où j’ai fait du bien, je suis couvert d’un déluge immonde, dont la plénitude et la frayeur de M.me Cornu viennent de causer l’éruption…

LA MARQUISE.

C’est trop de disgraces à la fois.

BELAMOUR.

Cependant on accourt : on voit l’enragé Cornu distribuant ses coups à la fois sur moi, sur sa femme et sur les meubles ; sa canne s’est brisée ; il continue à coups de poings, et frappe, s’estropiant les mains contre les ustensiles de verre ou de faïance, foulant aux pieds leurs débris, jurant, écumant… De quoi s’agit-il enfin ? — On l’a fait cocu, lui présent ! il a tout vu… — Deux mots de la mourante