Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
LE DIABLE AU CORPS.


venir à son secours, avait eu l’inhumanité de lui faire dire que la moindre vengeance qu’elle se proposait de tirer de lui était de le faire chasser de la ville après sa cure, dont on n’osait pourtant le flatter.

LA MARQUISE.

Belle leçon pour la jeunesse !

BELAMOUR.

Elle me fut profitable, Madame. Cela me fit passer une année toute entiere dans l’oubli le plus absolu de toute espece de volupté. Je commençais à ne plus m’appercevoir presque que j’eusse rien de masculin. Il est incroyable combien, pendant cette année de sagesse, mon corps acquit de vigueur ; combien je me perfectionnai dans mon état, et combien, mettant à profit mes moindres instans de loisir, je poussai mes petits talens et augmentai, par la lecture, mes connaissances littéraires. Heureux si j’avais pu persister dans ce genre de vie utile et paisible ! mais…

LA MARQUISE, baillant.

Arrêtez : ceci commence à menacer de quelque chose de triste. Je vous préviens que je déteste le noir…

BELAMOUR.

Ne craignez rien, Madame. Un seul événement tragi-comique, qui va me délivrer de la maison Cornu, n’est pas de nature à vous embrumer. Cinq ou six coups de bâton, dont un

  2
2…