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LE DIABLE AU CORPS.


que quand, s’étant obligeamment pincée par dessous, ma belle eut ainsi retranché tout l’espace qui pouvait m’être inutile, c’est-à-dire, plus des trois-quarts et demie… Je lui plaisais apparemment…

LA MARQUISE.

La coquine eût été bien difficile… Achevez.

BELAMOUR.

Cette prévention favorable me valut d’être traité avec tout Le raffinement dont on peut être capable dans cette classe vulgaire. Il ne tint qu’à moi d’avoir la petite vanité de croire que mes faibles services étaient extrêmement goûtés ?

LA MARQUISE.

Et votre camarade ? quelle fortune avait-il ?

BELAMOUR.

Une pitoyable : sa maîtresse de rencontre était une petite blondine, aux cheveux filasseux, mince, maigre, visant, comme je l’ai déja dit, au précieux ; mieux coiffée de nuit, en chemise plus fine que ma luronne, à la bonne heure ; mais, sans feu, sans allure, sans gorge, sans cul, et pinçant si fort les lèvres (celles de la bouche, je veux dire) qu’il fallait nécessairement soupçonner qu’elle ne l’avait pas des mieux meublées. Elle favorisait décemment mon pauvre ami, tandis que ma bacchante semblait avoir le diable au corps, palpitait, bondissait, jurait, mordait, me secouait, me