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LE DIABLE AU CORPS.


chandelle. Il était convenu entre nous que Gauthier souffrirait le premier l’essai qui devait m’instruire ; je le fis assez gauchement, ou pour mieux dire, je n’en serais pas venu à bout, sans la complaisance qu’il eut de m’aider du conseil et de la main ; car, grace à l’avocat, il entendait fort bien l’allure. Bref : je fis mon noviciat complet ; j’y pris un plaisir incroyable, et je crus bonnement, pour lors, que le nec plus ultra du bonheur terrestre était de jouir d’un garçon perruquier jeune et frais.

LA MARQUISE.

Eh bien ! je conçois ce que vous dites. Un enfant qui ne connaît point les femmes, peut et doit sentir ce que vous venez d’exprimer. C’est une méprise de l’instinct voluptueux. Mais ce que je ne conçois pas, c’est comment les gens du monde, qui connaissent tous les plaisirs que notre sexe peut donner… Comment, par exemple, le Tréfoncier, votre digne protecteur, jeune, riche, bien fait, libre, peut avoir l’infamie…

BELAMOUR.

Eh, Madame ! faut-il jamais raisonner avec le desir et le caprice ?

LA MARQUISE.

Je crois que vous dites le mot, en vérité. — Maintenant, je m’attends à voir l’ami Gauthier prendre sa revanche ?

BELAMOUR.

Hélas ! Madame, il n’eut pas cette joie. Je