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LE DIABLE AU CORPS.

LA MARQUISE, avec feu.

Vas ! tu n’étais pas fait pour manier le peigne, mon ami.

HECTOR.

On est fait pour tout, Madame. Le plus grand seigneur, tombé dans l’indigence, est fait, comme un autre, pour vivre du plus chétif métier. Denis, tyran de Siracuse, devint, dans son désastre, maître d’école dans un village. Vainement les raisonneurs affectent-ils de rapporter cette humble vocation, à la même passion dont Denis avait fait excès sur le trône : je n’y vois pas tant de finesse, moi. Il s’agissait, pour Denis, d’avoir du pain : Bélisaire, aveugle et dépouillé de ses dignités, reçoit l’aumône…

LA MARQUISE.

Ah ! tu m’excedes, pour le coup, avec tes doctes citations. Parlons de ce qui m’intéresse, et revenons à ton luxurieux embrocheur. — Abusa-t-il de ta complaisance ? Se piqua-t-il d’entrer-là jusqu’à la garde, sans égard pour ton enfance délicate ?

HECTOR.

Je ne me rappelle pas absolument ces petites circonstances, Madame : mais ce dont je me souviendrai toute ma vie, c’est que M. le Dru, pendant sa joyeuse opération, saisit ma petite brochette, qui s’était roidie comme du bois, et que la tortillant délicieusement, quoiqu’avec

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