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LE DIABLE AU CORPS.

HECTOR, gaiement.

Vous l’avez dit, Madame.

LA MARQUISE.

Eh, bien ! voilà comme ils sont tous, ces vilains porte-calottes ! J’avais un enfant charmant… un certain Joujou, que je croyais un petit ange pour l’innocence et la candeur : mon mari n’avait-il pas, au nombre de ses connaissances, (toutes plus ou moins détestables) un certain scélérat de Boujaron, Napolitain, ex-aumônier d’un ministre… (Ce Boujaron a fait une belle fin, au surplus.) Le monstre-ne me viola-t-il pas, un beau jour, mon cher Joujou ! mais violé celui-ci ; et comment ? Sous prétexte de le garantir, au moyen de cette diabolique opération, d’être jamais frappé du tonnerre, dont le pauvre petit avait une peur inconcevable… Il lui persuada qu’un prêtre avait ce pouvoir, et, qu’ainsi béni, l’on pouvait affronter impunément les plus affreux orages. Le pauvre Joujou fut martyrisé : il est vrai qu’il devint intrépide, et se serait presque moqué de la foudre tombée à ses pieds. Quand la noirceur du prêtre a été découverte, et qu’on a voulu faire comprendre à Joujou que le gueux l’avait berné, jamais on n’a pu le détromper ; il persiste à se croire inaccessible au feu du Ciel.

HECTOR.

Mon Dieu, Madame ! ce ne sont pas seulement les gens de cette robe qui s’attachent à nous débaucher ; et, si je dois avoir l’honneur