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LE DIABLE AU CORPS.

HECTOR, modestement.

Rien moins que cela, Madame.

LA MARQUISE.

Tu n’es pas sincere. On n’est pas… ce que tu es, on ne vaut pas ce que tu vaux, sans avoir eu les plus flatteuses aventures. Quel pays t’a vu naître ? Quels parens t’ont donné le jour ?

HECTOR, baissant les yeux.

Paris, et les Enfans-trouvés : voilà ma patrie. En conséquence, j’ignore quels peuvent avoir été mes vrais pere et mere. Mais, par bonheur, lorsque j’avais trois ans, survinrent dans cet hospice honteux, deux personnages d’un état honnête, qui réussirent à persuader que j’étais leur fils ; ils m’emmenerent et me firent élever. J’appris autour d’eux bien des choses qu’on ne se donne pas le soin d’enseigner aux enfans des gens du peuple.

LA MARQUISE.

Ah ! Je le reconnais bien à tes manieres, et à ta façon de t’énoncer.

HECTOR.

Vous êtes trop obligeante, Madame.

(Elle lui donne un baiser.)
LA MARQUISE.

Poursuis.

HECTOR.

J’avais douze ans, lorsque le sort me priva

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